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II


DE LA LIBERTÉ RELIGIEUSE[1].

Nous en sommes enfin venus à la seule idée raisonnable relativement à la religion, celle de consacrer la liberté des cultes sans restriction, sans privilége, sans même obliger les individus, pourvu qu’ils observent des formes extérieures purement légales, à déclarer leur assentiment en faveur d’un culte en particulier. Nous avons évité l’écueil de cette intolérance civile, qu’on a voulu substituer à l’intolérance religieuse proprement dite, aujourd’hui que le progrès des idées s’oppose à cette dernière. À l’appui de cette nouvelle espèce d’into-

  1. Nous engageons les lecteurs à comparer ce chapitre de Benjamin Constant avec la Préface que M. de Bonald a placée en tête de la Démonstration philosophique du principe constitutif des Sociétés : chez Benjamin Constant le sentiment religieux aboutit à la tolérance ; chez M. de Bonald la religion renfermée dans l’église aboutit à la compression. « Faite pour la société et société elle-même, dit M. de Bonald, la religion chrétienne a dû en revêtir tous les caractères. L’idée de société renferme en elle le droit de juridiction, de tribunal, de jugement, et par conséquent de mesures coactives et répressives. » Œuvres complètes de M. de Bonald, Paris, 1859, gr. in-8. t. I, p. 35 et 36. On verra par la comparaison des deux écrivains combien est profond l’abîme qui sépare, sur les questions religieuses, les publicistes libéraux des philosophes catholiques.
    (Note de l’éditeur.)