Page:Constant - Œuvres politiques, 1874.djvu/281

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là, sans doute, se répand dans la classe industrielle une nouvelle activité ; mais c’est une activité vicieuse, une activité qui s’occupe plutôt de l’effet qu’elle produit au dehors que de la solidité de ses propres entreprises, qui cherche l’éclat plus que le succès, parce que le succès, pour elle, peut résulter d’un éclat même trompeur ; c’est une activité enfin qui rend la nation entière téméraire, inquiète, cupide, d’économe et de laborieuse qu’elle aurait été.

Et ne pensez pas qu’en substituant aux encouragements pécuniaires des motifs tirés de la vanité, vous fassiez moins de mal. Les gouvernements ne mettent que trop le charlatanisme parmi leurs moyens, et il leur est facile de croire que leur seule présence, comme celle du soleil, vivifie la nature. En conséquence, ils se montrent, ils parlent, ils sourient, et le travail, à leur avis, doit se tenir honoré pour des siècles ; mais c’est encore sortir les classes laborieuses de leur carrière naturelle ; c’est leur donner le besoin du crédit ; c’est leur inspirer le désir d’échanger leurs relations commerciales contre des relations de souplesse et de clientèle. Elles prendront les vices des cours, sans prendre en même temps l’élégance qui voile du moins ces vices.

Les deux hypothèses les plus favorables au système des encouragements ou des secours de l’autorité sont assurément, l’une, l’établissement d’une branche d’industrie encore inconnue dans un pays, et qui exige de fortes avances ; l’autre, l’assistance donnée à de certaines classes industrielles ou agricoles, lorsque des calamités imprévues ont considérablement diminué leurs ressources.

Je ne sais cependant si, même dans ces deux cas, à l’exception peut-être de quelques circonstances très-rares, pour lesquelles il est impossible de tracer des