Page:Constant - Le Cahier rouge, éd. Constant de Rebecque.djvu/71

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toutes les difficultés dont chaque démarche a été hérissée, depuis que les français, en essayant d’être libres, ont établi l’esclavage chez eux et chez les autres. Un valet de louage se chargea pour six francs de remplir les formalités nécessaires, et, trois quarts d’heure après mon arrivée à Calais, j’étais embarqué.

J’arrivai le soir à Douvres[1], je trouvai un compagnon de voyage qui voulait se rendre à Londres, et le matin du jour suivant, je me trouvai dans cette immense ville, sans un être que j’y connusse, sans un but quelconque, et avec quinze louis pour tout bien. Je voulais d’abord aller loger dans une maison où j’avais demeuré quelques jours à mon dernier passage à Londres. J’éprouvais le besoin de voir un visage connu. Il n’y avait pas de place : mais on m’en procura une autre assez près. Mon premier soin, une fois logé, fut d’écrire à mon père. Je lui demandai pardon de mon étrange escapade, que j’excusai du mieux que je pus ; je lui dis que j’avais horriblement souffert à Paris, que j’étais surtout excédé des hommes ; je fis

  1. Voir Appendice XVI, p. 119.