Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome second.djvu/22

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devint indifférent de savoir s’il y avait ou non de la ressemblance entre eux. Il sembla pourtant un jour, par une aventure singulière, que le sort avait décidé de les réunir, et que ceux qui ne pouvaient trouver moyen de se rencontrer sur terre, se verraient par la réflection de leurs images dans l’onde transparente.

Vers le milieu de l’été, et lorsque la chaleur était accablante, il arriva que le jeune homme et la demoiselle vinrent tous deux en même temps à leur maison d’été pour respirer la fraîcheur. Comme il faisait très-peu d’air, la surface de l’eau était tranquille, et les deux pavillons s’y réfléchissaient distinctement. Iu-Kiouan avait les yeux fixés sur l’eau, lorsque tout-à-coup elle tressaillit et s’écria : « Comment se fait-il que mon image paraisse de l’autre côté de l’eau, tandis que je suis de ce côté-ci ? Il faut que ce soit un prodige de mauvais augure ! »