Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome troisieme.djvu/168

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Ne dirait-on pas que deux personnes ne s’unissent ensemble que par un reste de haine conservée dès la vie[1] précédente,
Et qu’elles se cherchent dans le mariage afin de se maltraiter le plus long-temps qu’elles peuvent ?
C’est donc ainsi, à ce que je vois, qu’on est indignement oublié après sa mort par la personne qu’on avait le plus chérie.
Qu’il faut être insensé pour aimer durant sa vie tant de cœurs volages !

La dame Tian était derrière son mari, sans en être aperçue. Après avoir ouï ce qu’il venait de dire, elle s’avança tant soit peu, et se faisant voir : « Peut-on savoir, lui dit-elle, ce qui vous fait soupirer, et d’où vient cet éventail que vous tenez à la main ? » Tchouang-tseu lui raconta l’histoire de la jeune veuve, et tout ce qui s’était passé au tombeau de son mari, où il l’avait trouvée. A peine eut-il achevé son récit, que

  1. Il parle selon l’opinion de ceux qui croient à la métempsycose.