Page:Contes chinois publies par Abel-Remusat, 1827, tome troisieme.djvu/183

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seigneur. A la faveur des ténèbres, elle écoutait à la fenêtre de la chambre, se flattant qu’on y parlait de l’affaire qu’elle avait si fort à cœur.

Pour lors, passant assez près du cercueil, elle entendit quelque bruit, elle tressaillit de peur. « Hé ! quoi, dit-elle tout émue, serait-ce que le défunt donnerait quelque signe de vie ? » Elle rentre au plus tôt dans sa chambre, et, prenant la lampe, elle vient voir ce qui avait causé ce bruit. Elle trouve le vieux domestique étendu sur la table posée devant le cercueil pour y brûler des parfums et y placer des offrandes à certaines heures. Il était là à cuver le vin que la dame lui avait fait boire. Toute autre femme aurait éclaté à une pareille irrévérence à l’égard du mort. Celle-ci n’osa se plaindre ni même éveiller cet ivrogne. Elle va donc se coucher ; mais il ne lui fut pas possible de dormir.