Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/10

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Après avoir goûté quelques poires qui lui restoient, elle se releva, & toute éclopée, prit avec peine le chemin de son habitation.

La premiére personne qu’elle rencontra, ce fut sa mere, qui dans l’impatience de la revoir, étoit venue au devant de cette chere fille, & du trésor qu’elle lui devoit apporter. Richarde qui s’attendoit à la trouver chargée d’or fut bien surprise de la voir toute en sang, couverte de boue, ses habits en lambeaux, & jettant des cris épouvantables.

A cette cruelle vision, la bonne mere pensa mourir de frayeur & d’affliction : A peine avoit-elle la force de lui faire des questions, quand Pigriéche les lui épargna, & lui conta, en jurant contre Liron, la fatale avanture qui lui étoit arrivée. Richarde la voulut blâmer d’avoir pris ces poires,