Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/135

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pendant après que cette fureur fut un peu calmée ; que les playes de Pigrieche furent pansées ; qu’elle eut été débarbouillée, & qu’elle eut pris de la nourriture, Richarde, qui perdoit rarement ses intérêts de vûe, songea à visiter la farine que sa fille avoit été faire moudre à travers tant de dangers, craignant qu’elle ne fût gâtée par l’orage. Elle se confirma dans cette pensée en trouvant les sacs tous mouillés, & en voyant que son mulet étoit si estropié, qu’à peine pouvoit-il marcher ; car ceux qui avoient battu Pigrieche avoient poussé la vengeance jusqu’à assommer à coups de pierres cette bête innocente des fautes de sa conductrice : mais par bonheur pour Pigrieche ils ne touchèrent pas à son trésor, ne doutant point que tous ses sacs ne fussent également remplis de fa-