Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/173

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étoit plus à propos d’en instruire le Berger de vive voix, que de cesser de venir au lieu ou elle étoit certaine de le rencontrer. L’un & l’autre parti lui sembloit également dangereux. En s’exposant à lui expliquer le motif qui la faisoit agir, elle redoutoit son desespoir, & craignoit de n’avoir pas elle-même la force d’y résister. Mais en évitant cet inconvénient par son absence, elle en voyoit un autre qui ne lui sembloit pas moins grand ; & sans compter la dureté qu’il y auroit à lui laisser imaginer qu’elle le méprisoit, elle avoit encore à appréhender que ne consultant que sa douleur, il ne la vînt chercher jusques chez Richarde. Ces deux alternatives lui paroissant également dangereuses, elle examinoit à laquelle elle devoit donner la préférence,