Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/50

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vous voir sans l’empoisonner par ces cruelles réflexions. Hélas ! ces heureux instans sont si rares, pourquoi les troubler de la sorte ? Il me semble que mon amour mériteroit un sort plus favorable. Et puisque votre troupeau est en sûreté, vous pouvez encore me donner quelques-uns de ces momens précieux, qui sont seuls capables de faire tout le bonheur de ma vie, ne me les refusez pas.

Ce discours surprit d’autant plus Lisimene, qu’elle n’avoit point vû de Bergers galans dans ce pays, ni ailleurs, ayant toujours, imaginé que des Pasteurs de l’espéce dont devoit être celui-la & sa Bergere n’existoient que dans les livres, & qu’ils n’étoient connus en aucun autre pays que celui des romans. Elle avoit été persuadée jusqu’à ce