Page:Contes de Madame de Villeneuve, tome 4.djvu/71

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ne fût à quelque Intelligence suprême qu’il avoit l’obligation de tant de richesses.

Il présumoit juste : Un jour que cet heureux Meûnier étoit dans un petit Jardin qu’il cultivoit à ses heures de loisir, comme il s’entretenoit en lui-même de son bonheur, dans le fort de sa rêverie, il ne se put empêcher d’en parler seul & tout haut : Est-il possible, disoit-il, appuyé sur sa bêche, & regardant fixement la terre d’un air distrait, que la fortune qui m’accompagne puisse me rendre malheureux, tandis qu’elle feroit le bonheur de tout autre. Je suis comblé de biens ; mais j’ignore de quelle main je les tiens, cette ignorance me force à être ingrat, & m’empêche de témoigner à mon bienfaiteur la reconnoissance que j’en ai. Ah ! genéreuse intelligence, s’écria-t-il, ne me donnez pas