Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/109

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En vérité, mon cousin, répondit la douairière, cet appartement est charmant ; et elle regardait autour d’elle en affectant la plus grande admiration.

Le baronnet, en parlant des améliorations faites à toute sa maison, fut amené naturellement à parler du goût exquis de sa mère, l’honorable lady Moseley (qui était une Chatterton) ; et lorsque la douairière, par quelques autres compliments aussi adroits, eut mis le baronnet dans la disposition d’esprit qu’elle crut la plus favorable à ses vues, elle entama la grande affaire qui l’animait.

— Je suis charmée, sir Edward, que vous ayez conservé un aussi agréable souvenir de la première alliance qui a eu lieu entre nos familles, et j’espère que vous verrez la seconde avec autant de plaisir que moi.

Le baronnet ne savait trop, ce qu’il devait penser de ce préambule, et s’il faisait allusion aux vues qu’il soupçonnait depuis quelque temps à son fils sur Grace Chatterton. Impatient de savoir si ces conjectures étaient bien fondées, et désirant acquérir la certitude que John lui avait choisi une belle-fille qu’il aimait déjà de tout son cœur, il dit à sa cousine :

— Je ne suis pas sûr de vous bien comprendre, Madame.

— Non ! s’écria la douairière avec une surprise affectée ; après tout, peut-être mon anxiété maternelle m’a-t-elle trompée…

Cependant M. Moseley ne se serait pas autant avancé sans votre approbation.

— Je laisse liberté entière à mes enfants sur ce point, lady Chatterton, et John n’ignore pas mes sentiments ; j’espère cependant que vous voulez parler de son attachement pour Grace.

— Certainement, sir Edward, répondit-elle en hésitant : je puis me tromper, mais vous savez qu’il serait cruel de se jouer du cœur d’une jeune fille.

— Mon fils en est incapable ! s’écria sir Edward, et surtout lorsqu’il s’agit de Grace ; mais, Madame, vous avez raison, et s’il a fait un choix, il ne doit pas craindre de l’avouer.

— Loin de moi la pensée de presser les choses ! dit la douairière ; mais la cour que M. Moseley fait à ma fille peut éloigner d’autres prétendants. Sir Edward, ajouta-t-elle en soupirant, j’ai le cœur d’une mère, et si je me suis trop hâtée, votre bonté me le pardonnera. En finissant ces mots, lady Chatterton se retira