Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/216

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des bois que la route traversait, pour aller rejoindre les portes du parc.

Après les avoir suivis des yeux aussi longtemps qu’elle put les apercevoir, la dame rentra dans le château au milieu d’une haie de laquais en livrée, et de femmes de chambre que la curiosité ou le respect avaient rassemblés à la porte au moment du départ de leur maître.

Tandis que la voiture roulait avec fracas sur une éminence située près des confins de son parc immense, le jeune seigneur paraissait plongé dans de profondes réflexions. Un sentiment de mélancolie se peignait sur ses traits expressifs, et prouvait que les honneurs et les richesses ne suffisent pas pour assurer le bonheur. Ses yeux se portèrent un instant sur ces forêts, sur ces champs couverts de riches moissons, sur ces fermes entourées de nombreux villages, qui se prolongeaient presque à l’infini jusqu’à l’horizon. Toutes ces propriétés lui appartenaient, et à cette vue un sourire de satisfaction anima un instant sa figure ; il pensait à tout le bien qu’il pouvait faire.

— Où allez-vous, Milord, de si bonne heure ? lui demanda un de ses amis qu’il rencontra sur la route, dans un phaéton élégant.

— À Eltringham, sir Owen, pour assister au mariage de mon cousin, M. Denbigh, qui épouse l’une des sœurs du marquis. Après avoir échangé quelques mots de compliments et d’adieux, ils continuèrent tous deux leur route, sir Owen Ap-Rice pour Cheltenham, où il allait prendre les eaux, et le comte de Pendennyss pour la terre du marquis où devait se faire la noce.

Le lendemain matin les portes d’Eltringham s’ouvrirent pour laisser entrer les nombreux équipages qui s’y rendaient de tous les côtés, et le cœur de lady Laura battit avec force, lorsque le bruit des roues parvint jusqu’à ses oreilles. Elle ne put résister à son impatience, et, courant à la fenêtre de sa chambre à coucher, elle examina les voitures qui s’approchaient rapidement, et à travers l’espèce de brouillard qui lui couvrait la vue, elle vit descendre de la première son futur époux, accompagné du duc de Derwent. Bientôt après arriva lord Pendennyss, et puis enfin l’évêque de ***. Lady Laura n’en put voir davantage, et le cœur rempli de joie, d’espérance, et en même temps d’une vague inquiétude, elle se jeta dans les bras de l’une de ses sœurs.

Une semaine environ après le mariage de sa sœur, lord Henry