Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/227

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de votre testament qui concerne cette chère miss Emmy ? Et Peter se retira en songeant à ce qui serait arrivé si Patty Steele avait montré plus de bonne grâce lorsqu’il avait voulu en faire Mrs Johnson ; association d’idées qui n’était nullement rare dans l’esprit du bon intendant ; car si Patty avait jamais eu une rivale dans son cœur, c’était dans la personne d’Émilie Moseley, pour laquelle Peter éprouvait le plus tendre attachement.

Mrs Wilson et Émilie avaient continué d’aller voir Mrs Fitzgerald ; et comme il n’y avait plus d’étrangers dont la présence pût les gêner, toute la famille, en y comprenant sir Edward et M. Yves, avait été rendre visite à la jeune veuve.

Les Jarvis étaient partis pour Londres, où ils devaient retrouver leur fille, qui était alors repentante sous plus d’un rapport, et sir Edward apprit avec plaisir que la réconciliation avait été complète, et qu’Egerton était reçu avec son épouse dans la maison du marchand.

Sir Edgar mourut subitement, et le colonel, à présent sir Henry hérita de son titre et des biens qui y étaient substitués ; mais la plus grande partie de la fortune du défunt se composait de biens meubles dont sir Edgar avait pu disposer à son gré, et qu’il avait légués à un autre de ses neveux qui venait d’entrer dans les ordres.

Mrs Jarvis fut indignée de voir ravir à sa fille une partie de l’héritage auquel il lui semblait qu’elle avait des droits incontestables ; mais elle se consola en songeant au nouveau titre de son gendre, et au plaisir qu’elle aurait à entendre appeler Marie lady Egerton. Sa fille partageait son ivresse, et son plus grand désir était de se trouver avec les Moseley dans quelque endroit où l’on observât les lois du cérémonial, afin de pouvoir prendre le pas sur eux. Elle ne se sentait pas d’aise lorsque, dans quelque grande assemblée, on venait annoncer : — La voiture de lady Egerton est à la porte ; et cependant lady Egerton n’avait pas de voiture à elle. Ce fut même l’objet d’une discussion assez plaisante qui eut lieu quinze jours après la réconciliation de Marie avec sa famille.

Mrs Jarvis avait une fort jolie voiture que son mari lui avait donnée pour son usage personnel. Convaincue que le baronnet, titre dont le colonel jouissait depuis vingt-quatre heures, n’avait pas le moyen de donner un carrosse à son épouse, elle forma la résolution magnanime de lui abandonner le sien, pour aider sa fille à soutenir dignement sa nouvelle grandeur. En conséquence