Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/385

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gard satisfait sur le château qui avait été si longtemps inhabité, et qui était redevenu l’asile du bonheur et de la joie. Toutes les croisées étaient ouvertes pour recevoir les rayons du soleil ; et les vassaux du comte, heureux et surpris, ouvraient de grands yeux en voyant les nombreux domestiques en riches livrées qui allaient et venaient dans les vastes appartements, les chevaux magnifiques que promenaient les palefreniers, et les voitures portant différentes armoiries qui remplissaient les cours.

Pendennyss avait voulu montrer à Émilie la résidence de ses ancêtres, et il avait facilement décidé toute la famille et leurs meilleurs amis à les accompagner.

Dans une longue file de riches et vastes appartements, les maîtres et les hôtes de cette magnifique demeure étaient occupés à admirer toutes les beautés antiques qu’elle renfermait, et à arranger les parties de plaisir qui devaient employer leur journée.

John Moseley examinait avec soin quelques pierres à fusil que venait de lui apporter son domestique, tandis que Grace, assise près de lui, tâchait en plaisantant de les lui prendre l’une après l’autre, en lui disant du ton d’un tendre reproche :

— Vous ne devriez pas vous occuper si exclusivement de la chasse, Moseley ; il est cruel de tuer tant de pauvres oiseaux pour votre seul plaisir.

— Demandez au cuisinier d’Émilie et à l’appétit de M. Haughton, dit John en étendant la main pour reprendre les pierres qu’elle lui avait escamotées, si je ne chasse que pour mon seul plaisir. Je vous l’ai déjà dit, Grace, il est bien rare que je manque mon coup.

— Jolie excuse, en vérité ! dit Grace en riant et en s’efforçant de garder sa prise ; savez-vous, John, que c’est fort mal ? Le massacre que vous faites tous les jours est vraiment affreux.

— Je vois, dit John, que votre cœur sensible aimerait mieux un chasseur comme le ci-devant ex-capitaine Jarvis, qui tirait un mois entier sans même toucher la plume d’un oiseau. Puis, jetant un regard malin sur Jane, qui, étendue sur un sofa, parcourait un volume de poésies nouvelles, il ajouta : — Jane pouvait être bien tranquille avec lui ; la douce fauvette, le tendre rossignol, cette voix de l’amour qui, pendant la nuit sombre, charme les échos de la vallée, tous ces chanteurs emplumés n’avaient rien à craindre de lui.