Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 1, 1839.djvu/7

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rieur simple, mais d’un excellent cœur, et que l’amitié la plus cordiale unissait au ministre.

— Oui, reprit celui-ci ; il nous sert à payer la dîme et à aider les autres à la payer. Notre cher baronnet en sait quelque chose, lui qui, dernièrement encore, fit remise au vieux Gregson de la moitié de son fermage, pour lui permettre…

— Mais, ma chère, dit sir Edward à sa femme en l’interrompant, nos amis ne doivent pas mourir de faim parce que nous allons avoir un nouveau voisin, et voilà plus de cinq minutes que William est venu nous avertir que le dîner est servi.

Lady Moseley présenta sa main au ministre, et la compagnie passa dans la salle à manger.

La société rassemblée autour de la table hospitalière du baronnet se composait, outre les personnes dont nous avons déjà parlé, de Mrs Haughton, excellente femme sans prétentions ; de sa fille, jeune personne qui ne se faisait remarquer que par sa douceur, et de la femme et du fils du ministre. Ce dernier venait d’entrer dans les ordres.

Il régnait entre ces vrais amis ce parfait accord, conséquence naturelle de la même manière de voir sur tous les points essentiels, entre personnes qui se connaissent depuis longtemps, qui s’estiment, qui s’aiment, et qui montrent une indulgence réciproque pour les petits défauts inséparables de la fragilité humaine. En se quittant à l’heure ordinaire, on convint de se réunir la semaine suivante au presbytère, et le docteur Yves, en faisant ses adieux à lady Moseley, lui dit qu’il se proposait d’aller faire au premier jour une visite à la famille Jarvis, et qu’il tâcherait de les décider à être de la partie projetée.

Sir Edward Moseley descendait de l’une des plus anciennes familles d’Angleterre, et à la mort de son père il avait hérité de domaines considérables qui le rangeaient parmi les plus riches propriétaires du comté.

Mais de tout temps, on avait eu pour règle invariable dans sa famille de ne jamais détourner un seul pouce de terre de l’héritage du fils aîné, et son père, ne voulant pas y déroger, avait été obligé, pour subvenir aux folles dépenses de son épouse, de lever des sommes considérables sur son patrimoine, tandis que les intérêts énormes qu’il lui fallut payer avaient mis le plus grand désordre dans ses affaires. Sir Edward, à la mort de son père,