Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/137

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et naturel, l’alderman appela tout haut sa nièce par son nom, comme s’il eût espéré la voir sortir d’une cachette où elle se fût réfugiée dans un accès de plaisanterie hors de saison. Mais ces paroles furent en vain proférées ; la voix de l’alderman résonna bruyamment dans ces chambres désertes, et quoique chacun écoutât avec anxiété, il ne parvint aucune réponse gaie ou consolante.

— Alida ! cria le bourgeois pour la quatrième et dernière fois, viens, mon enfant, et j’oublierai cette cruelle plaisanterie ainsi que tout ce que j’ai dit au sujet de mon héritage ; viens, enfant de ma sœur, embrasser ton vieil oncle !

Le patron se détourna en entendant un homme bien connu par son attachement pour le monde céder au pouvoir de la nature, et le seigneur de cent mille acres de terre oublia son propre chagrin en voyant celui de son ami.

— Retirons-nous, dit-il, en pressant doucement le bourgeois de quitter la place ; un peu de réflexion nous instruira de ce qu’il faut faire.

L’alderman céda ; néanmoins, avant de quitter l’appartement de sa nièce, il visita les cabinets et les tiroirs ; cette recherche leva tous les doutes sur la démarche qu’avait faite la jeune héritière. Ses vêtements, ses livres, les ustensiles consacrés à la peinture, et même les plus légers de ses instruments de musique, avaient disparu.



CHAPITRE XIII.


Hé ! c’est ainsi que tournent les dés. Maintenant je m’aperçois qu’elle a fait une comparaison entre nos deux statures.
Shakspeare. Le songe d’une nuit d’été.


Le cours de l’existence fuit sans s’arrêter, et avec ses flots disparaissent tous les liens d’affection, de famille et de parenté. Nous apprenons à connaître nos parents lorsqu’ils possèdent toute la plénitude de leur raison et toute la perfection de leur force corporelle. La reconnaissance et le respect se mêlent à notre amour ; mais l’affection avec laquelle nous surveillons l’enfance,