Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/26

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— Tandis qu’on rencontre celle d’un créancier à tous les coins de rues.

— L’affaire sera entièrement hollandaise.

— Et les dernières nouvelles de Hollande nous avertissent de réserver notre or pour quelque mouvement extraordinaire dans le monde commercial.

— Monsieur l’alderman Myndert van Beverout !

— Milord vicomte Cornbury…

— Que Plutus vous protège, Monsieur ! mais prenez garde, quoique je respire l’air du matin, et qu’il faille que je rentre, il n’est pas défendu de dire les secrets de ma prison. Il y a quelqu’un dans cette cage là-bas qui dit que l’Écumeur de mer est sur la côte ! Soyez prudent, digne bourgeois, ou le second acte de la tragédie de Kidd pourrait avoir lieu dans ces parages.

— Je laisse de telles transactions à mes supérieurs, répondit l’alderman avec un second salut aussi raide que cérémonieux. Des entreprises qui ont, dit-on, occupé le comte de Bellamont, le gouverneur Fletcher et milord Cornbury, sont au-dessus de l’ambition d’un simple marchand.

— Adieu, alderman obstiné, tranquillise ton impatience pour les mouvements extraordinaires qui doivent avoir lieu dans le monde commercial ! dit Cornbury en affectant de rire, bien qu’il sentît profondément la blessure qui venait de lui être faite, car le bruit courait que, non-seulement lui, mais ses deux prédécesseurs, avaient favorisé, malgré les lois, les boucaniers américains. Sois vigilant, ou la demoiselle Barberie fera une nouvelle injure à la pureté de ta race.

Les saluts que les deux antagonistes échangèrent étaient parfaitement dans leur caractère réciproque. Celui de l’alderman fut calme, sévère et formel, tandis que son compagnon ne pouvait renoncer à l’aisance de ses manières, même dans un moment où il éprouvait un tel désappointement. Vaincu dans l’effort que sa position désespérée, et peut-être son caractère ardent, avaient pu seuls le porter à tenter, le descendant dégénéré du vertueux Clarendon se rendit à sa prison, avec l’air d’un homme qui affectait une grande supériorité sur ses concitoyens, mais dont l’esprit était endurci par l’habitude de la dépravation, qui laissait à peine sur son visage une trace de dignité ou de vertu.