Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/305

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sible, et d’amener le contrebandier si l’occasion s’en présentait. Enfin la yole devait occuper l’espace entre les deux canaux, avec l’ordre de répéter les signaux et d’être vigilante dans leur reconnaissance.

Tandis que les officiers chargés de ces devoirs recevaient leurs instructions, le vaisseau, sous les ordres de Trysail, se dirigeait vers le cap. Lorsqu’ils eurent dépassé le Hook, les deux cutters et la yole larguèrent et se servirent de leurs avirons, le launch en fit bientôt autant, suivant les uns et les autres la direction qui leur était prescrite.

Si le lecteur a conservé la mémoire de la scène qui a été décrite dans les premières pages de cet ouvrage, il comprendra sur quelles bases Ludlow fondait ses espérances de succès. En envoyant le launch dans le passage, il pensait qu’il cernerait de toutes parts le brigantin, puisque ce dernier ne pouvait s’échapper tant que la Coquette serait au large. Le service qu’il attendait des trois bateaux envoyés vers le nord était de signaler les mouvements du contrebandier, et si une occasion favorable se présentait, d’essayer de l’aborder par surprise.

Lorsque le launch quitta le vaisseau, la Coquette vint lentement prendre le vent, et avec son petit hunier jeté sur le mât, elle donnait aux bateaux le temps nécessaire pour atteindre leurs différentes stations. Ces expéditions avaient réduit à moitié les forces de l’équipage ; et comme les deux lieutenants étaient employés, il ne restait à bord aucun officier d’un rang intermédiaire entre le capitaine et Trysail. Pendant que le vaisseau était stationnaire, et que les matelots mettaient à profit la permission qu’ils reçurent de disposer de leurs personnes suivant leur bon plaisir, en allant chercher dans un sommeil passager une compensation à celui de la nuit, Trysail s’approcha de son supérieur, qui regardait par-dessus les hamacs dans la direction du Cove.

— Une nuit sombre, une mer calme, et des bras vigoureux, rendent facile le devoir de ceux qui sont dans ces bateaux, dit-il. Les gentilshommes sont braves et pleins de l’espérance des jeunes gens ; mais celui qui abordera ce brigantin aura, suivant mon pauvre jugement, plus d’ouvrage à faire que de monter simplement sur ses flancs. J’étais dans le premier bateau qui aborda un vaisseau espagnol dans la Mona pendant la dernière guerre, et quoique nous l’ayons surpris légèrement, quelques-uns d’entre