Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/337

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marin que cette décision venait trop tard. Le vent n’était pas suffisant pour le seconder ; et environné par la terre, avec une marée qui devenait de plus en plus forte, il vit que le moindre délai causerait sa perte. Une fois encore le léger bâtiment céda au gouvernail ; et tout étant préparé de la manière la plus avantageuse il s’élança à travers le passage.

Pendant ce temps, la Coquette n’avait pas été oisive. Soutenue par la brise, et voguant avec le courant, elle avait même gagné sur le brigantin ; et comme ses voiles les plus hautes et les plus légères se voyaient de plus en plus au-dessus de la terre, on pouvait prévoir qu’elle atteindrait la première l’extrémité orientale du Blackwell’s. Ludlow vit son avantage, et fit ses préparatifs en conséquence.

Il n’y a pas besoin de beaucoup d’explications pour instruire le lecteur des circonstances qui avaient amené le croiseur royal en vue de la ville. À la lueur du jour, il était entré plus avant dans la baie ; et, lorsque la clarté le permit, l’équipage de la Coquette s’aperçut promptement qu’il n’y avait point de vaisseau à l’abri des montagnes, ni dans aucun endroit plus retiré du bras de mer. Un pêcheur détruisit tous les doutes, en rapportant qu’il avait vu un vaisseau dont la description répondait à celle de la Sorcière des Eaux, passant les Narrows au quart de minuit. Il ajouta que, peu de temps après, un bateau voguait à force de rames dans la même direction. Cet avis suffit. Ludlow fit un signal à ses bateaux de fermer les passages du Kilus et les Narrows, et, comme nous l’avons vu, il se rendit directement dans le havre.

Lorsque Ludlow se trouva dans la position que nous venons de décrire, il concentra toute son attention sur le double but de préserver son propre vaisseau, et d’arrêter celui du contrebandier. Quoiqu’il fût encore facile d’endommager les espars du brigantin, en faisant feu par-dessus la terre, la faiblesse de son équipage, réduit à la moitié de ses matelots, le danger d’injurier les fermes placées le long des collines, ainsi que la nécessité de se préparer au passage difficile, toutes ces causes réunies sauvèrent ce danger au brigantin. Aussitôt que le vaisseau fut entré dans le passage, entre Blackwell’s et Nassau, Ludlow donna ordre de remettre en place les canons qui avaient servi, et de ranger les ancres.

— Que les ancres de poste soient à la veille, ajouta-t-il préci-