Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 10, 1839.djvu/400

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Quoique le danger si horrible de l’explosion fût passé, la situation de ceux qui y avaient échappé n’était pas beaucoup plus heureuse que celle de ceux qui avaient été engloutis. Les cieux montraient de rares étoiles lorsque les nuages se séparaient, et quand l’impression du premier contraste fut évanouie, il resta assez de lumière pour donner à cette scène une tristesse imposante.

On a dit que le mât d’avant de la Coquette était tombé par dessus le bord avec tout le bagage qui l’entourait. Les voiles, avec les portions d’agrès qui pouvaient aider à les soutenir, avaient été coupées avec précipitation ; et après leur chute, jusqu’au moment de l’explosion, les matelots s’étaient occupés à assurer la plate-forme du radeau ou à les dépouiller des débris de cordes pesantes, qui, inutiles comme liens, ajoutaient seulement au poids de la masse. Tous les débris voguaient sur les vagues avec les vergues en travers et à leur place, à peu près comme les espars étaient tombés ; les immenses boute-hors avaient été désarmés, et étaient placés autour de la hune, de manière à ce que leur extrémité s’appuyât sur la plus basse des vergues de hune, et formât le fondement de la plate-forme. Les plus petits boute-hors, avec les coffres et les caisses, étaient la seule séparation entre le groupe placé au centre du radeau et les profondeurs de l’Océan. La partie supérieure du bord extérieur des hunes s’élevait à quelques pieds au-dessus de l’eau, et formait une protection importante contre la brise de la nuit et le roulis continuel des vagues. Les femmes étaient assises, et on les avait averties de ne point appuyer leurs pieds contre le frêle appui des boute-hors ; l’alderman prenait soin d’elles avec bonté. François s’était soumis à être attaché à la hune par un des marins du brigantin, tandis que le second, tout ce qui restait de l’équipage, secondé par l’emblème lumineux des contrebandiers, s’occupait à assujettir la hune au radeau.

— Nous ne serions pas en position de faire une longue et active croisière, capitaine Ludlow, dit l’Écumeur lorsqu’ils furent tous deux hors de la portée de la voix. J’ai vogué sur mer avec tous les temps et sur tous les bâtiments possibles ; mais voici la plus hardie de mes expériences sur les ondes ; j’espère que ce ne sera pas la dernière.

— Nous ne pouvons nous dissimuler les dangers effrayants que nous courons, répondit Ludlow, quoique nous puissions désirer