Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/210

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— Comment, Signore ! dois-je être séparée de mes gens ?

— Des mercenaires qui vous servent dans ce palais, Madame, pour être confiée aux soins de personnes qui vous serviront d’après de plus nobles motifs.

— Et mon amie maternelle ? — Et mon guide spirituel ?

— Il leur sera permis de se dispenser de leurs soins pendant votre absence.

Une exclamation de donna Florinda et un mouvement involontaire du moine prouvèrent l’effet que produisait sur eux cette nouvelle. Donna Violetta, ainsi blessée dans ses affections, fit un violent effort pour cacher son ressentiment. Sa fierté contribua à lui en donner la force. Mais elle ne put déguiser entièrement une autre espèce d’angoisse qui n’était que trop visible dans ses yeux.

— Dois-je comprendre que cette prohibition s’étend à celle qui est chargée du service de ma personne ?

— Telles sont mes instructions, Signora.

— Et l’on attend de Violetta Tiepolo qu’elle se charge elle-même des soins de la domesticité ?

— Non, Signora. On vous donne pour remplir ces devoirs une suivante parfaite et agréable. — Annina, continua-t-il en s’approchant de la porte, ta noble maîtresse est impatiente de te voir.

Tandis qu’il parlait encore, la fille du marchand de vin se montra. Elle avait un air d’humilité empruntée, mais elle laissait voir en elle quelque chose qui annonçait qu’elle se regardait comme indépendante du bon plaisir de sa nouvelle maîtresse.

— Et cette fille doit être placée près de ma personne ! s’écria donna Violetta, après avoir étudié un instant la physionomie fausse et hypocrite d’Annina, avec une répugnance qu’elle ne chercha pas à cacher.

— Telle a été la sollicitude de vos illustres tuteurs, Signora. Comme elle est informée de tout ce qui est nécessaire, je ne vous dérangerai pas plus longtemps, et je prendrai congé de vous, en vous recommandant de profiter du peu de moments qui vous restent d’ici au lever du soleil pour faire vos apprêts de départ, afin que vous puissiez jouir de la brise du matin en sortant de la ville.

L’officier jeta un autre regard autour de la chambre, plutôt par habitude que pour aucun autre motif, salua, et se retira.

Un triste et profond silence s’ensuivit. Tout à coup la crainte que don Camillo ne se méprît sur leur situation, et ne vînt à se