Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/247

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seppe il peut le mériter, et, plus encore. Mais je ne sais quelle est ton impatience ; et je ne veux, pas ajouter à ton ennui.

— Un instant, Gessina. — Cette fille est ta cousine ?

— Ne te l’ai-je pas dit ? Nos mères sont sœurs.

— Et elle vient souvent ici ?

— Pas aussi souvent qu’elle le voudrait, j’en suis sûre.

— Tu es une excellente fille, ma bonne Gessina, et tu voudrais faire paraître, tous les autres aussi vertueux que toi. — Et tu lui as rendu ses visites ?

— Jamais. Mon père me le défend, parce que celui d’Annina est marchand de vin, et que tous les gondoliers vont boire chez lui. Mais elle n’est pas à blâmer pour le commerce que font ses parents.

— Non, sans doute. — Et ce paquet ? y a-t-il longtemps qu’elle te l’a donné à garder ?

— Un mois. Annina me l’a laissé lors de sa dernière visite, parce qu’elle était pressée d’aller au Lido. — Mais pourquoi ces questions. ? Tu n’aimes pas ma cousine : elle est un peu légère, et sa conversation est frivole ; mais je crois qu’elle a bon cœur. Tu as entendu de quelle manière elle a parlé de ce misérable Bravo Jacopo, et de ce dernier meurtre ?

— Je l’ai entendu.

— Toi-même, Carlo, tu n’aurais pu montrer plus d’horreur qu’elle du crime de ce monstre ! Sans doute, Annina est inconsidérée, et elle pourrait avoir des idées, moins mondaines, ; mais, elle a, comme nous tous, une sainte aversion pour le péché. — Te conduirai-je près du prisonnier ?

— Précède-moi.

— Ton cœur honnête, Carlo, est révolté de la froide scélératesse de cet assassin. J’ai beaucoup entendu parler de ses meurtres et de la manière dent ceux qui sont là-haut transigent avec lui : ils disant, en général que son adresse surpasse la leur, et que les officiers de justice attendent des preuves, afin, de ne pas commettre d’injustice.

— Croyez-vous que le sénat ait la conscience si timorée ? demanda le Bravo d’une voix rauque, mais en faisant signe à sa compagne d’avancer.

Gessina prit un air mélancolique, comme si elle eût senti la force de cette question. Elle se retourna pour ouvrir la porte d’une armoire, et y prit une petite boîte.