Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 11, 1839.djvu/62

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répondit Violetta ; je crains seulement de venir présenter ma petite requête dans un moment où votre temps précieux est plus dignement occupé en faveur de l’État.

— Tu exagères mon importance, ma fille ; je visite quelquefois le conseil de Trois-Cents, mais mon âge et mes infirmités m’empêchent de servir la république comme je le désirerais. Que saint Marc, notre patron, en soit loué ! nos affaires sont assez prospères vu la décadence de notre république. Nous nous sommes conduits bravement, il y a peu de temps, avec les infidèles ; le traité avec l’empereur nous est assez avantageux, et la colère de Rome vu un manque apparent de confiance de notre part, a été détournée. Nous devons quelque chose dans cette dernière affaire à un jeune Napolitain qui est dans ce moment à Venise, et qui possède un certain crédit à la cour du saint-père, grâce à son oncle le cardinal secrétaire. On fait beaucoup de bien par l’entremise d’amis convenablement employés. C’est là le secret de nos succès, dans la position actuelle de Venise ; car ce que la force ne peut entreprendre doit être confié à la sagesse et à la modération.

— Vos déclarations m’encouragent à me faire encore une fois solliciteuse car j’avoue que je joignais au désir de vous rendre visite celui d’user de votre influence en faveur d’un procès qui m’est survenu.

— Quoi ! notre pupille, donna Florinda, en héritant des richesses de sa famille, a hérité aussi de ses anciennes habitudes de patronage et de protection ! Mais nous ne découragerons pas cette obligeance, car elle à une glorieuse origine ; et lorsqu’on en use avec discrétion, elle fortifie les nobles et les puissants dans leur position élevée.

— Et ne pouvons-nous pas ajouter, observa timidement donna Florinda, que lorsque les puissants l’emploient en faveur de moins fortunés qu’eux, ils ne remplissent pas seulement un devoir, mais ils amassent des trésors pour l’avenir ?

— Sans aucun doute. Rien n’est plus utile que de donner à chaque classe de la société une idée convenable de ses obligations et un juste sentiment de ses devoirs. Ce sont des opinions que j’approuve de tout mon cœur, et je désire que ma pupille les comprenne parfaitement.

— Elle est heureuse de posséder des mentors si disposés à l’instruire et si capables de le faire, répondit Violetta. Puis-je