Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 12, 1839.djvu/144

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niquin et d’André del Sarte, et le voyageur entre maintenant dans les galeries voûtées que le moine traversa si longtemps rempli d’un espoir religieux, ou absorbé dans l’étude des sciences, pour visiter les reliques les plus précieuses des arts.

Le serviteur du comte Emich n’eut point de peine à trouver son chemin aux lieux en question ; car, comme c’était l’usage, il y avait une communication directe entre les cloîtres de Limbourg et l’église. En entrant dans cette dernière, et prenant une porte latérale qui conduisait à la sacristie, il se trouva sous l’arcade au milieu de la touchante solitude que nous avons décrite. Il y avait contre la muraille des tablettes avec des inscriptions latines, en honneur de différents frères qui s’étaient distingués par leur piété et leur savoir ; et çà et là on apercevait, soit en ivoire, soit en pierre, le signe constant du culte catholique, un crucifix.

L’étranger s’arrêta, car un moine passait sous les arcades, et ses manières n’étaient pas assez engageantes pour un homme qui doutait de la réception qu’on allait lui faire. C’était du moins ce que pensait le serviteur d’Emich, qui pouvait aisément prendre l’expression mortifiée des traits du père Arnolph, dont, en ce moment, le front était chargé de soucis, pour de la sévérité.

— Que veux-tu ? demanda le prieur lorsqu’il se trouva face à face avec le nouveau venu.

— Révérend moine, ta sainte bénédiction.

— Agenouille-toi, et reçois-la, mon fils. Tu es doublement béni en cherchant des consolations dans le sein de l’Église, et en évitant les fatales hérésies de notre siècle.

Le prieur répéta la bénédiction, et fit signe au paysan de se relever.

— Désires-tu autre chose ? demanda-t-il, observant que le paysan ne se retirait pas, comme c’était l’habitude de ceux qui avaient reçu cette faveur.

— Rien, à moins que cet autre frère n’ait affaire à moi.

On apercevait en ce moment la tête de Siegfried qui passait par l’ouverture d’une porte conduisant aux cellules. Le visage du prieur changea comme celui d’un homme qui a perdu toute confiance dans les intentions d’un autre, et il continua son chemin sous les arcades. Siegfried disparut aussi, par la porte même par laquelle il avait invité secrètement le paysan à entrer.

On a déjà dit que les bénédictins appartiennent à un ordre