Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 14, 1839.djvu/71

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tendre affection, pour mettre en pratique une théorie nouvellement découverte ! Combien de temps ton image me suivit ! que dis-je ? jamais elle ne me quitta tout à fait ; elle mit ma fermeté à une épreuve sévère ; et elle me menaçait, à chaque pas qui m’éloignait de toi, de me forcer de céder à l’attrait qui me rappelait près de toi, de tes foyers, de tes autels. Mais je triomphai, et je partis, le cœur ouvert à toutes les créatures de la Divinité, quoiqu’il fût plein de ton image céleste, brillant comme le prisme qui forme le lustre du diamant





CHAPITRE VI.


Théorie d’une sublimité palpable. — Quelques idées pratiques. — Commencement de mes aventures.



Le souvenir des sentiments intenses qui s’étaient emparés de moi à cette époque importante de ma vie a, en quelque sorte, interrompu le fil de ma narration, et peut avoir laissé quelque obscurité dans l’esprit du lecteur sur les nouvelles sources de bonheur qui s’étaient présentées tout à coup à mon imagination. Un mot d’explication à ce sujet ne sera peut-être pas déplacé, quoique mon dessein soit de m’en rapporter à mes actions et aux incidents merveilleux que j’aurai bientôt à rapporter, plutôt qu’à des explications purement verbales, pour faire bien comprendre quelles étaient alors mes vues.

Le bonheur, — le bonheur dans cette vie et dans l’autre, — était mon but. J’aspirais à une vie utile et active, à une mort qui ne m’offrît que joie et espérance, et à une éternité de jouissances. Avec de tels objets devant les yeux, toutes mes pensées, depuis que j’avais vu les regrets de mon père sur son lit de mort, avaient été constamment occupées des moyens d’arriver à cette grande fin. Quelque surprenant que cela puisse paraître aux âmes vul-