Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/135

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ève ne dit plus rien, quoique chaque syllabe qu’il avait prononcée eût été écoutée par des oreilles attentives et retenue par une mémoire scrupuleusemt fidèle. Ils marchèrent en silence jusqu’au moment où ils arrivèrent près d’une maison agréablement située sur la pente de la montagne, près d’un beau bois de pins. Lorsqu’ils furent sur une terrasse en face de cette habitation, le village de Templeton était directement devant eux, à environ cent pieds plus bas. Là, ils s’arrêtèrent tous pour voir plus distinctement un lieu qui offrait tant d’intérêt à la plupart de nos voyageurs.

— J’espère que vous connaissez assez les localités pour nous servir de cicerone, dit M. Effingham à Paul. Pendant un séjour d’une semaine à Templeton, vous ne pouvez guère avoir manqué de voir le wigwam.

— Je devrais peut-être hésiter à l’avouer, ou du moins en rougir, répondit le jeune homme, remplissant cette derniers obligation en rougissant jusqu’au front ; mais la curiosité l’a emporté sur le savoir-vivre ; et cédant à la tentation, j’ai obtenu de la politesse de Monsieur de m’admettre dans votre habitation, dans laquelle, comme dans les environs, j’ai probablement passé plus de temps qu’il n’était agréable à ceux qui s’y trouvaient.

— Je prie Monsieur de ne point parler de cela, dit Aristobule. Dans ce pays, nous vivons à peu près en commun ; et quant à moi, quand un homme comme il faut se présente, étranger ou voisin, je me fais une règle de lui montrer de la civilité en le priant de déposer son chapeau.

— Il me paraît, dit Ève, désirant changer le sujet de la conversation, qu’il se trouve à Templeton un nombre extraordinaire de clochers. Quel besoin un si petit village peut-il avoir de tant de bâtiments de cette espèce ?

— C’est à cause de l’orthodoxie, Miss, répondit Aristobule, qui pensa que c’était à lui qu’il appartenait de répondce à cette question. Il y a une nuance d’opinion entre chacun de ces clochecs.

— Voulez-vous dire, Monsieur, qu’il y a à Templeton autant de nuances de croyances religieuses, que je vois de bâtiments paraissant destinés au culte ?

— Doublez-en le nombre, Miss, et ajoutez-en quelques-unes par-dessus le marché, Vous ne voyez que cinq chapelles, et nous comptons dans ce village sept dénominations de sectes régulièrement hostiles, sans parler des diversités d’opinion sur des baga-