Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/161

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car, à l’exception d’un ou deux de ces hommes distingués, il n’en avait jamais entendu parler, et, dans la simplicité de son cœur, il s’était imaginé qu’il n’existait aucun personnage remarquable encore vivant dont il ne connût quelque chose, et qui ne passât la plus grande partie de son temps en Angleterre.

— Ah ! dit John Effingham en regardant à une fenêtre, voici le jeune Wenham qui arrive pour rétablir l’équilibre. Je crois que vous devez l’avoir oublié, Édouard ; mais vous vous souvenez certainement de son père.

M. Effingham et son cousin sortirent du salon pour recevoir le nouvel arrivant, avec qui le dernier avait fait connaissance pendant qu’il surveillait les réparations du wigwam.

M. Wenham était fils d’un homme de loi du comté qui avait fait de bonnes affaires, et, étant fils unique, il avait hérité d’une assez belle fortune. Par son âge, il faisait partie de la génération à laquelle Ève appartenait, plutôt qu’à celle de son père ; et si M. Howel était un compendium de toutes les idées provinciales que l’Amérique s’était faites de l’Angleterre il y a quarante ans, on pouvait dire que M. Wenham appartenait à l’école contraire, et était aussi ultra-américain que son voisin était ultra-anglais. S’il y a une jeune France, il y a aussi une jeune Amérique, quoique les sectateurs de la dernière marchent d’un pas moins hardi que ceux de la première. M. Wenham se regardait comme un modèle d’indépendance nationale, et parlait constamment de la supériorité de l’Amérique, quoique les anciennes impressions ne fussent pas encore entièrement effacées de son système moral, comme les hommes arrivés à l’âge mûr jettent un regard autour d’eux quand ils traversent un cimetière pendant l’obscurité, comme pour chercher le revenant qui a effrayé leur enfance. John Effingham connaissait à fond ce jeune homme, et en disant qu’il arrivait à propos pour rétablir l’équilibre, il faisait allusion a la différence frappante qui existait entre son caractère et celui de M. Howel.

Les présentations et les politesses d’usage étant terminées, nous rendrons compte de la conversation qui suivit.

— Vous devez, miss Effingham, dit M. Wenham, qui, en vrai Américain, et étant lui-même un jeune homme, crut de rigueur d’adresser la parole à une jeune dame de préférence à toute autre personne, — vous devez être satisfaite des grands progrès que notre pays a faits pendant votre absence.