Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/178

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donnèrent pas un assentiment complet à cette proposition, car l’un d’eux se hasarda à dire qu’il ne voyait pas grand mal à ce qu’un homme se mît à genoux devant Dieu. Mais ils pensaient évidemment que le nouveau système de bancs valait mieux que l’ancien.

— Il m’a toujours paru, miss Effingham, dit un autre, que j’entends et que je comprends mieux le sermon sur un banc peu élevé, que dans une de ces machines à haut dossier qui ont l’air d’une fourrière à moutons.

— Mais vous en retirez-vous mieux en vous-même, Monsieur ? Pouvez-vous dévouer toutes vos pensées au culte de Dieu avec plus de sincérité et de vérité ?

— Vous voulez parler des prières, je suppose ?

— Certainement, Monsieur je parle des prières et des actions de grâces.

— Quant à cela, nous les laissons faire au ministre en général. Au surplus, je conviens que le devant des nouveaux bancs n’est pas aussi commode pour s’appuyer que celui des anciens. Ils valent mieux pour s’asseoir, mais ils ne sont pas aussi bons pour s’appuyer. Au surplus, on commence chez nous à prendre la mode de rester assis pendant les prières, et l’on en fait autant dans votre église, miss Effingham. Le sermon est le principal, après tout.

— Oui, dit M. Gouge, donnez-moi un bon sermon de préférence à de bonnes prières. On peut se contenter de prières telles quelles ; mais en fait de sermon, il faut tout ce qu’il y a de meilleur.

— Ces messieurs, dit John Effingham, considèrent la religion à peu près comme un cordial contre le froid, qu’il faut prendre en dose suffisante pour faire circuler le sang. Ils ne sont pas gens à se laisser mettre en fourrière comme des moutons égarés.

— M. John a toujours son mot à dire, observa un troisième ; et M. Effingham congédia l’assemblée en disant qu’il réfléchirait à cette affaire.

Quand les ouvriers furent partis, on discuta encore assez longuement le même sujet. Enfin, les Effingham déclarèrent qu’ils s’opposeraient à cette innovation, qui leur semblait irrévérente dans la forme, contraire à l’esprit de recueillement et d’humilité qui convient à la prière, et incompatible avec la délicatesse de leurs habitudes. Bragg et Dodge, d’une autre part, continuèrent à soutenir que l’opinion publique demandait à haute voix ce changement ; qu’il ne convenait pas à la dignité de l’homme d’être mis en fourrière même dans une église, et que, dans le fait, un