Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/198

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à ses héritiers en mourant, et j’ai exercé pleinement tous les droits de propriété jusqu’à mon départ. Il est vrai que je ne l’ai pas mis dans ma poche pour voyager, mais je l’ai laissé en partant sous la protection des lois, et je crois que le riche peut l’invoquer comme le pauvre, quoique nous soyons dans un pays libre.

— Eh bien ! Monsieur, puisque vous paraissez si ferme, je suppose qu’il faudra qu’un jury en décide ; mais je vous avertis en homme qui connaît son pays, que la déclaration d’un jury, rendue contre l’opinion, est ce que vous ne pouvez espérer. Si l’on prouve que votre père a eu l’intention de donner cette propriété au public, c’est une affaire perdue.

M. Effingham examina un instant ses papiers et en ayant choisi un, il le passa à M. Bragg, en lui indiquant un alinéa particulier.

— Voici le testament de feu mon père, Monsieur, et vous verrez ici qu’il dispose spécialement de la pointe en question, la laissant à ses héritiers en des termes qui écartent toute idée d’aucune intention de la donner au public. C’est du moins la dernière preuve que moi, son fils unique, son seul héritier, et l’exécuteur de ses dernières volontés, je possède de ses désirs. Si ce public errant et de temps immémorial, dont vous parlez, en a une meilleure, j’attends avec impatience qu’il la produise.

L’air calme de M. Effingham avait abusé M. Bragg, qui ne s’attendait pas à une preuve qui anéantissait si complètement les prétentions du public. La clause du testament qui disposait de cette propriété était simple, claire et précise, et l’on ne pouvait contester que M. Effingham n’eût succédé à tous les droits de son père, sans aucune condition ni réserve.

— Cela est fort extraordinaire ! s’écria Aristobule, après avoir lu plusieurs fois la clause du testament, et chaque lecture contribuant à rendre la question encore plus claire en faveur du propriétaire véritable. — Le peuple aurait dû connaître cette disposition de feu M. Effingham.

— Je crois qu’il l’aurait dû, avant de songer à dépouiller son fils de sa propriété ; ou du moins il aurait dû être certain qu’une telle disposition n’existait pas.

— Vous m’excuserez, monsieur Effingham, mais je pense que, dans un cas semblable, quand le public s’est imbu d’une fausse idée, comme je conviens à présent que cela est clairement prouvé en ce qui concerne cette affaire, il est du devoir d’un bon citoyen