— Il faut donc l’envoyer chercher, dit M. Effingham en s’avançant vers la sonnette.
— Mon oncle ! s’écria Grace assez à temps pour l’empêcher de sonner, comment aurais-je pu cacher ma chère cousine un secret si important ?
— Je vois donc que je suis le dernier à l’apprendre, ce qui arrive ordinairement aux vieillards, et je crois même que je suis maintenant de trop.
M. Effingham embrassa de nouveau sa nièce avec affection, et quoiqu’elle cherchât à le retenir, il se retira.
— Il faut que nous le suivions, dit Grâce s’essuyant les yeux à la hâte, et effaçant les traces des larmes qui avaient coulé sur ses joues. — Excusez-moi, sir George ; — voulez-vous bien ouvrir la porte ?
Le baronnet ouvrit, non la porte, mais ses bras. Grace tremblait comme si elle se fût trouvée sur le bord d’un précipice, et ses jambes lui refusèrent leur service ; mais quand elle vit que sir George était près d’elle pour la soutenir, elle se rassura. Au lieu de quitter la bibliothèque sur-le-champ comme elle en avait eu le dessein, la cloche avait annoncé le souper avant même qu’elle se souvînt de ce qu’elle avait voulu faire.
CHAPITRE XXI.
es chaleurs, qui sont toujours un peu plus tardives dans
l’Otségo que dans les comtés situes plus au midi, régnaient alors
dans les montagnes, et l’on était dans la première semaine de
juillet. Le jour de l’Indépendance, comme les Américains appellent
le 4 de ce mois, était arrivé, et tous les beaux esprits de
Templeton furent mis en réquisition pour que la fête fût célébrée,
suivant l’usage, d’une manière aussi intellectuelle que morale. La
matinée commença par la parade de deux ou trois compagnies du
voisinage en uniforme ; on consomma dans les rues une grande
quantité de pains d’épices et de bière d’épicéa ; on ne but pas peu
de whiskey dans les cabarets, et l’on vendit dans les tavernes