Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/363

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cette miniature, dit-il, tandis que Paul cherchait le numéro auquel ils en étaient restés dans leur premier examen des pièces de M. Lundi. Non, non, ce portrait ne peut être celui de votre mère. Cette dame n’a pas laissé d’enfant. — Votre père se nommait Assheton, m’avez-vous dit ?

— Assheton, — John Assheton ; — à cet égard, du moins, il ne peut y avoir de méprise. Voici la pièce où nous en sommes restés, Monsieur. La lirez-vous, ou en ferai-je la lecture ?

John lui fit signe de la lire ; et, dans le fait, il ne paraissait pas en état de le faire lui-même.

— Cette pièce est une lettre écrite au nommé Dowse par la femme à qui l’enfant paraît avoir été confié, dit Paul en la parcourant des yeux, et elle ne contient guère que du commérage. — Ah ! — qu’est-ce que je vois ?

John Effingham se souleva sur son fauteuil, et regarda Paul en homme qui attend une découverte extraordinaire, sans se douter de ce qu’elle peut être.

— C’est une phrase fort singulière, continua Paul, si singulière qu’elle aurait besoin d’explication. Écoutez : « J’ai pris l’enfant avec moi pour chercher le portrait chez le joaillier qui a raccommodé la bague, et le petit drôle l’a reconnu sur-le-champ. »

— Qu’y a-t-il de remarquable à cela ? D’autres que nous ont eu des portraits, et cet enfant a reconnu mieux que vous celui qui lui appartenait.

— Ce qu’il y a de remarquable, monsieur Effingham, c’est que la même chose m’est arrivée. C’est un des premiers événements de ma vie dont j’aie toujours conservé et dont je conserve encore un souvenir parfait. Quoique je ne fusse alors qu’un enfant, je me rappelle fort bien la manière dont je fus conduit chez un bijoutier, et le plaisir que j’éprouvai en revoyant le portrait de ma mère, celui que j’ai perdu, et que je n’avais pas vu depuis une couple de mois.

— Paul Blunt, — Powis, — Assheton ! dit John Effingham parlant d’une voix à peine intelligible ; attendez-moi ici quelques minutes, je ne tarderai pas à revenir.

Il se leva, et quoiqu’il eût cherché à rassembler toutes ses forces, ce ne fut qu’avec peine qu’il put gagner la porte de sa chambre. Cependant il refusa le bras que Paul lui offrait, et celui-ci ne sut que penser en voyant une si forte agitation dans un homme ordi-