Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/407

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ce titre ; — madame la mariée, nous considérerons ma situation désespérée plus philosophiquement, quand j’aurai l’honneur de vous reconduire avec une bonne partie de cette aimable compagnie en Europe d’où je vous ai amenée ici. Avec vos sages avis, je crois que je pourrais même encore à présent risquer le paquet.

— Je vois qu’on m’oublie entièrement s’écria M. Howel, qui avait été invité au repas de noces ainsi que M. Wenham. Que voulez-vous que je devienne, capitaine Truck, si cette manie de mariage gagne ainsi tout le monde ?

— J’ai depuis longtemps formé un plan pour votre bonheur, mon cher Monsieur, et je saisirai cette occasion pour le faire connaître. Je propose, Messieurs et Dames, que nous enrôlions M. Howel dans notre plan pour l’automne, et que nous l’emmenions avec nous en Europe. Je serai fier d’avoir l’honneur de le présenter à son ancienne amie qu’il n’a pas encore vue, l’île de la Grande-Bretagne.

— Ah ! je crains qu’un tel bonheur ne me soit pas réservé, dit M. Howel en soupirant. J’y ai pensé en mon temps ; mais mon âge ne me permet plus de telles espérances.

— Votre âge, Tom Howel ! dit John Effingham. Vous n’avez que cinquante ans comme Édouard et moi ; et il y en a quarante, nous étions enfants tous les trois. Vous voyez pourtant que nous, qui en sommes revenus si récemment, nous sommes déjà prêts à y retourner. Prenez donc courage vous pouvez trouver un bâtiment à vapeur pour vous ramener ici, dès que vous le désirerez.

— Jamais ! dit le capitaine Truck d’un ton positif. Il est moralement impossible qu’un bâtiment à vapeur traverse l’Atlantique. Je soutiendrai cette doctrine jusqu’au dernier jour de ma vie. Mais qu’a-t-on besoin de bâtiments à vapeur quand nous avons des paquebots comme des palais ?

— Je ne savais pas, capitaine, que vous aviez tant de respect pour la Grande-Bretagne. Il est réellement encourageant de trouver des sentiments si généreux envers cette vieille île dans un homme qui lui doit son origine. — Sir George et lady Templemore, permettez-moi de boire à votre félicité durable.

— Je n’ai certainement aucun sentiment de malveillance contre l’Angleterre, quoique ses lois sur le tabac ne soient pas des plus douces. Mais mon désir de vous y exporter, monsieur Howel, vient moins de l’envie de vous montrer la Grande-Bretagne, que de vous faire voir qu’il y a d’autres pays en Europe.