Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/409

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que je ne mourrais pas content si je n’avais vu auparavant quelques-unes de ces choses, car, les voir toutes, ce serait trop pour moi. — Combien y a-t-il de distance, capitaine, des docks de Sainte-Catherine jusqu’à l’île des Chiens ?

— Oh ! seulement quelques encâblures. Si vous voulez seulement rester sur le paquebot jusqu’à ce qu’il soit amarré, je vous promets de vous faire voir l’île des Chiens avant que vous soyez débarqué. Mais il faut que vous me promettiez de ne pas prendre une pacotille de tabac.

— Ne craignez rien à cet égard ; je ne fume ni ne chique, et je ne suis pas surpris qu’une nation aussi complètement civilisée que l’Angleterre ait conçu cette antipathie pour le tabac. — Et on peut réellement voir l’île des Chiens même avant de débarquer ! C’est un pays merveilleux ! — Mistress Bloomfield, croyez-vous que vous pourrez mourir tranquillement sans avoir vu l’Angleterre ?

— J’espère, Monsieur, que, lorsque cet événement arrivera, il me trouvera tranquille, quelque chose qui puisse m’arriver d’ici là. J’avoue pourtant que, comme mistress Effingham, j’ai le plus vif désir de voir l’Italie, désir qui lui est inspiré, je crois, par ce qu’elle y a déjà vu, et à moi par l’idée brillante que je m’en fais.

— Cela me surprend réellement. Que peut-il y avoir en Italie qui vaille la peine de faire un si long voyage ?

— J’espère, cousin John, dit Ève, rougissant au son de sa propre voix, car en ce jour d’extrême bonheur et de vives émotions, un embarras modeste ne lui laissait pas son empire ordinaire sur elle-même, — j’espère que notre ami, M. Wenham, ne sera pas oublié, et que vous l’inviterez à se mettre de notre partie.

Ce représentant de la jeune Amérique avait été invité au dîner par égard pour feu son père, qui était un très-ancien ami de M. Effingham ; et, entendant la mariée parler de lui en termes si favorables, il crut devoir répondre.

— Je pense qu’un Américain a peu de choses à apprendre d’aucune autre nation que la sienne, dit-il avec la suffisance de l’école à laquelle il appartenait. — On pourrait pourtant désirer que tous les Américains voyageassent, afin que le reste du monde en profitât.

— C’est bien dommage, dit John Effingham, qu’une de nos universités, par exemple, ne soit pas ambulante. La vieille Yale l’était dans son enfance ; mais, toute différente de la plupart des