Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 16, 1839.djvu/41

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car, quoique le baronnet parlât avec un ton de gaieté qui pouvait faire croire qu’il plaisantait, son air d’admiration était trop visible pour échapper à l’instinct d’une femme. Elle rougit, et, reprenant sa présence d’esprit à l’instant même, elle répondit avec une naïveté qui avait mille charmes pour celui qui l’écoutait

— Je ne vois pas pourquoi miss Effingham et moi nous hésiterions à vous présenter à ces deux dames. Mistress Hawker est notre parente, notre amie intime, — la mienne, du moins, – et quant à la pauvre mistress Jarvis, c’est la fille d’un ancien voisin, et elle sera trop charmée de nous voir pour faire des objections. Je crois que toute personne d’une certain… Grace hésita un instant.

— Toute personne d’une certaine… ? répéta sir George, comme pour l’inviter à finir la phrase.

— Ce que je veux dire, c’est que toute personne de cette maison est sûre d’être bien reçue dans Spring-Street.

— Pure et naturelle aristocratie ! s’écria le baronnet avec un air de triomphe affecté. Vous le voyez, monsieur John Effingham, ceci vient à l’appui de mes arguments.

— Je pense comme vous, sir George, répondit John ; — autant d’aristocratie naturelle qu’il vous plaira, mais non d’aristocratie héréditaire.

L’arrivée d’Ève et de mademoiselle Viefville interrompit cette plaisanterie, et les voitures étant à la porte, John Effingham alla chercher le capitaine Truck, qui était dans le salon avec M. Effingham et Aristobule.

— J’ai laissé Édouard discutant des baux et des procès avec son gérant, dit John Effingham en rentrant avec le capitaine ; avant dix heures, ils auront préparé un joli mémoire de frais.

Ève sortit sur-le-champ de la bibliothèque pour aller à la porte de la rue ; John Effingham la suivit ; Grace et mademoiselle Viefville passèrent ensuite ; le baronnet et le capitaine formèrent l’arrière-garde. Grace fut surprise que sir George ne lui eût pas offert le bras ; car elle était accoutumée à cette attention, même dans des occasions où elle lui était plus à charge qu’agréable mais sir George s’en abstint, parce qu’il craignait qu’elle ne l’accusât de trop de familiarité.

Miss Van Courtlandt, étant très-répandue dans le monde, avait un équipage ; elle y monta avec sa cousine et mademoiselle Vief-