Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 2, 1839.djvu/113

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— J’en remercie le capitaine, répondit Sitgreaves en arrangeant sur une table les instruments nécessaires pour une amputation avec un sang-froid qui fit frémir le colonel. Maintenant, Monsieur, où est votre blessure ! Quoi ! est-cette égratignure sur votre épaule ? Qui vous a blessé ainsi ?

— Un dragon du parti des rebelles.

— Impossible Monsieur. Je sais comme ils frappent. Le pauvre Singleton lui-même aurait appuyé plus fortement. Au surplus, Monsieur, ajouta-t-il en lui appuyant sur l’épaule un morceau de ce qu’on appelle communément taffetas d’Angleterre, voici qui remplira vos désirs car je suis certain que c’est tout ce que vous souhaitez de moi.

— Que voulez-vous dire, Monsieur ? demanda le colonel avec hauteur.

— Que vous désirez pouvoir vous mettre au nombre des blessés dans votre prochaine dépêche, répondit le docteur. Vous pouvez ajouter que c’est une vieille femme qui vous a pansé ; car si ce n’est pas l’exacte vérité, il est très-certain qu’une vieille femme aurait suffi pour chirurgien.

— Voilà un langage bien extraordinaire ! murmura le colonel anglais.

Le capitaine Wharton intervint de nouveau et en expliquant que la méprise du colonel Wellmere devait s’attribuer à l’irritation d’esprit et aux souffrances de corps, il réussit à adoucir le praticien insulté, qui consentit à examiner les autres blessures de l’officier anglais. Elles ne consistaient qu’en quelques contusions résultant de sa chute de cheval, et le docteur se retira après y avoir appliqué à la hâte les remèdes convenables.

La cavalerie, après avoir pris les rafraîchissements nécessaires, se prépara à se mettre en marche vers le village dont il a été parlé, et Dunwoodie s’occupa de ses prisonniers. Il résolut de laisser Sitgreaves chez M. Wharton, pour qu’il pût donner des soins assidus au capitaine Singleton. Henry vint lui demander que le colonel Wellmere y restât aussi sur sa parole, jusqu’à ce que les troupes quittassent les environs. Le major y consentit sans difficulté, et comme les autres prisonniers n’étaient que des soldats, il les fit rassembler et les fit conduire sous bonne garde dans l’intérieur du pays. Bientôt après les dragons se mirent en marche, et les guides se séparant en petites troupes, et accompagnés de quelques patrouilles de cavalerie, s’étendirent dans tout le pays