Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 22, 1845.djvu/398

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

guère que transporter de la farine au marché, et rapporter du blé. Dans l’automne, il portait du bois et les produits du voisinage. Il n’y avait aucun inconvénient à ce qu’il chômât pendant quelques jours. Le docteur Post approuva cette idée, disant qu’il ne pouvait y avoir d’objection que la dépense, mais que, si cette considération ne m’arrêtait pas, il était impossible d’adopter un meilleur plan.

Le soir le projet fut discuté en famille. M. Hardinge était venu du presbytère pour se joindre à nous. Il n’y eut qu’une voix pour dire qu’il fallait tenter ce moyen ; cela valait bien mieux que de laisser Grace dépérir dans la solitude de Clawbonny.

— J’ai aux Sources un malade qui demande à me voir, dit le docteur Post, et, à vous parler vrai, je ne serais pas fâché de prendre moi-même les eaux pendant une huitaine. Conduisez-moi à Albany, vous me mettrez à terre, et ensuite vous continuerez votre excursion tant que vous voudrez et que les forces de miss Wallingford le permettront.

Ce plan nous parut parfait à tous ; Grace elle-même sourit en l’entendant développer, et se remit entièrement entre nos mains. Il ne s’agissait donc plus que de le mettre à exécution.


CHAPITRE XXX.


Elle s’assied et me considère, en jetant sur moi un doux et profond regard, comme l’étoile tranquille qui, du haut du firmament, semble regarder la terre.
Longfellow.


Le lendemain matin, je m’occupai activement des préparatifs. Marbre fut invité à être de la partie, sa présence n’étant pas nécessaire de quelques jours à bord de l’Aurore. Le patron régulier eut sa liberté, et nous ne gardâmes de l’équipage que le pilote, qui était indispensable. Neb et trois des nègres de Clawbonny furent charmés d’être choisis pour cette excursion, et ils étaient tous plus ou moins au fait de la besogne qu’ils auraient à faire. Au surplus, Marbre, Neb et moi, nous suffisions amplement pour le service de l’embarcation. Mais nous n’entendions pas perdre nos forces, et il nous fallait une cuisinière. Clawbonny nous la fournit dans la personne de la vieille Didon.

Vers midi, tout était prêt pour le départ. Grace fut conduite en voiture jusqu’au lieu de l’embarquement, et alors elle monta à bord, soutenue par Lucie et par moi, plutôt par précaution que par néces-