Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 22, 1845.djvu/405

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partie d’aller ensemble à… Mais voici mistress Drewett, s’empressa d’ajouter Lucie en s’interrompant, et je vais m’acquitter directement de ma commission.

C’est en effet ce qu’elle fit aussitôt. Il paraît que mistress Ogilvie était une des dames qui s’étaient entretenues avec Lucie du Goëland, et qu’elle l’avait chargée de ce message, dans le cas où le Wallingford rejoindrait l’Orphée.

— Nous avons aussi quelque chose pour vous, ma chère, répondit mistress Drewett après m’avoir salué poliment. Vous êtes partie si précipitamment à la réception de cette vilaine lettre, — c’était celle où je suppliais Lucie de venir auprès de son amie malade, — que vous avez oublié votre boîte à ouvrage ; et comme je savais qu’elle contient beaucoup de billets, sans parler des billets de banque, je tenais à vous la remettre en mains propres. La voici ; comment vais-je m’y prendre pour vous la faire passer ?

Lucie tressaillit, et je vis qu’elle n’était pas sans inquiétude. Elle était en visite à la maison de campagne de mistress Drewett, au moment où elle avait reçu ma lettre, et, dans la précipitation de son départ, elle avait laissé une petite boîte à ouvrage toute ouverte. Certes, mistress Drewett était incapable de fouiller dans cette boîte, et de parcourir les lettres qu’elle contenait ; Lucie avait elle-même trop de délicatesse pour la soupçonner d’une pareille indiscrétion ; cependant on n’aime jamais à voir ses secrets ainsi livrés à la merci du premier venu. Il y a des servantes aussi bien que des maîtresses, et je vis qu’elle était impatiente de rentrer en possession de sa boîte ; dans ces circonstances je crus devoir intervenir.

— Monsieur Drewett, dis-je en lui faisant un salut qu’il me rendit froidement — c’était le premier signe de politesse que nous échangions — si vous voulez faire arrêter l’aire de votre sloop, j’en ferai autant, et j’enverrai un canot chercher la boîte.

Cette proposition fit tourner les yeux du côté du patron, qui était toujours appuyé contre le gouvernail, fumant à outrance ; mais celui-ci fut loin de l’accueillir favorablement ; mécontent d’être dérangé dans son occupation favorite, il ôta lentement la pipe de sa bouche, et grommela entre ses dents :

— S’arrêter, comme si on était sûr d’avoir toujours le vent à ses ordres ! belle idée, vraiment !

Et il se remit à fumer de plus belle. Je vis qu’il n’y avait pas d’espoir de lui faire entendre raison, et j’avisais à quelque autre moyen quand tout à coup, à ma grande surprise, et non sans quelque inquiétude, je vis André Drewett prendre la boîte des mains de sa