Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/192

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jusqu’au moulin, et ils y entrèrent, ainsi que dans les cavernes voisines ; ils ne trouvèrent personne, et reconnurent qu’aucun dégât n’avait été fait. Ils visitèrent ensuite plusieurs autres points suspects ; enfin le capitaine en vint à conclure que les Indiens s’étaient retirés pour la nuit au moins sinon complétement. Faisant un circuit, cependant, ils se rendirent dans la chapelle et dans une ou deux habitations de ce côté de la vallée, puis ils dirigèrent leurs pas vers la Hutte.

Quand ils furent près de la fortification, le capitaine appela avec force et frappa dans ses mains. À ce signal, les portes furent ouvertes, et ils se trouvèrent en face de leur ami le chapelain. Après avoir échangé quelques mots, ils entrèrent dans la cour et se séparèrent, chacun prenant la direction de sa chambre. Le major, fatigué d’une longue marche, fut aussitôt plongé dans un sommeil de soldat mais il s’écouta quelques heures avant que son père, plus réfléchi et encore inquiet, trouvât le repos dont il avait tant besoin.


CHAPITRE XV.


Je vous enseignerais le moyen de faire un juste choix, mais alors je serais parjure. Voudrais-je jamais l’être ? pourriez-vous m’y engager ? Mais si vous vous trompez, je crains d’en arriver à regretter de n’avoir été parjure.
Portia


Le capitaine Willoughby savait qu’en temps de guerre l’heure qu’un soldat appréhendait le plus, était celle qui précédait l’aurore. C’est le moment des surprises, et c’est surtout l’heure de sang des Indiens. En conséquence, il avait donné des ordres pour qu’on l’éveillât à quatre heures, et pour que tous les hommes de la Hutte fussent aussi sur pied et armés. Quoique la vallée eût paru tout à fait déserte, ce guerrier expérimenté des frontières se défiait des ruses, et il prévoyait la possibilité d’un assaut un peu avant le retour du jour, mais il aurait été fâché de faire part de ses craintes à sa femme et à ses filles.

D’après les dispositions qu’on avait prises, le major pouvait se