Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/204

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CHAPITRE XVI.


Craintive, elle se penche sur la toile, lit en tremblant l’histoire que tu y as tracée ; puis elle explique le texte en souriant et pleurant tour à tour.
Fawcett.


Maud ne savait pas dissimuler, c’est à peine si elle avait pu cacher les impulsions de son cœur. Nous n’allons donc pas raconter une scène dans laquelle une miniature longtemps chérie mais cachée, va révéler à deux amants l’état de leurs cœurs respectifs ; cette scène est d’un caractère tout différent. Il est vrai que Maud avait tâché de faire de mémoire quelques esquisses du visage de Bob mais c’était à la connaissance de toute la famille ; et son caractère de sœur le lui permettait sans exciter les suppositions. Son père, sa mère et Beulah avaient tous prononcé que ses succès dépassaient leurs espérances ; mais Maud avait jeté de côté les portraits à moitié finis, mécontente de son propre travail. De même que les artistes dont la fertile imagination rêve des sujets impossibles à rendre, de même Maud trouvait que son crayon n’avait jamais, selon elle, assez bien retracé les traits que sa mémoire lui représentait si fidèlement. En un mot, la jeune fille en commença mille dont la ressemblance ne lui parut pas parfaite. Cependant ses efforts n’avaient pas été tenus secrets et une demi-douzaine d’esquisses étaient encore dans le carton qu’elle ouvrit aux yeux de l’original.

Jamais le major n’avait trouvé Maud plus belle qu’à ce moment. Le plaisir donnait plus d’éclat à son teint, et il y avait sur sa physionomie un tel mélange de franchise, d’affection fraternelle et de réserve féminine, que le jeune homme la trouva charmante. La lumière de la lampe, quoique faible, suffisait pour trahir les sourires de Maud, ses rougeurs, et chaque émotion qui se peignait sur son gracieux visage.

— Maintenant, Bob, dit-elle en ouvrant le carton avec simplicité et confiance, vous savez assez que je ne suis pas un de ces vieux maîtres dont vous m’avez si souvent parlé, mais votre propre