respirant à peine, elle resta immobile et les yeux baissés, tandis que Robert regardait tour à tour le visage de la jeune fille et la miniature, et faisait ses observations et ses comparaisons. Enfin elle s’aventura à lever timidement vers lui des regards suppliants, comme pour lui demander de passer à quelque autre chose. Mais cette jolie esquisse occupait tellement l’attention du jeune homme, qu’il ne comprit pas l’expression muette de Maud, ou ne voulut pas se rendre à ses souhaits.
— C’est vous-même, Maud s’écria-t-il, quoique dans un étrange habillement. Pourquoi avoir gâté une chose aussi belle par cette mascarade ?
— Ce n’est pas moi ; c’est une copie d’une miniature que je possède.
— Une miniature que vous possédez ! De qui tenez-vous une aussi charmante miniature, et pourquoi ne l’ai-je pas vue ?
Un faible sourire illumina la physionomie de Maud, et les couleurs revinrent à ses joues. Elle étendit sa main vers l’esquisse, et la regarda fixement jusqu’à ce que les larmes vinrent à s’échapper de ses yeux.
— Maud, très-chère Maud, ai-je dit quelque chose qui vous ait affligée ? Je ne comprends pas tout cela ; mais j’avoue qu’il y a des secrets auquel je puis ne pas avoir la prétention d’être admis.
— Non, Bob, ce serait y attacher une trop grande importance ; après tout, un peu plus tôt, un peu plus tard, il faudra bien en parler ouvertement parmi nous. C’est une copie d’un portrait en miniature de ma mère.
— De ma mère, Maud ? vous n’y pensez pas. Il n’y a là ni ses traits, ni son expression ni la couleur de ses yeux. C’est le portrait d’une plus belle femme, quoique ma mère soit belle aussi ; mais ceci c’est une beauté parfaite.
— Je veux parler de ma mère, de Maud Yeardley, la femme de mon père, le major Meredith.
Cette parole fut dite avec une fermeté qui surprit notre héroïne elle-même, quand elle vint à penser à tout ce qui s’était passé, quant à son compagnon, il sentit le sang lui monter au cœur.
— C’est étrange ! s’écria Willoughby après une courte pause. — Et ma mère… notre mère, vous a donné ce portrait et vous a dit qui il représente. Je n’aurais pas cru qu’elle pût avoir ce courage.