Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/209

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À cet instant, tout autre sentiment que celui du danger fut oublié. Willoughby avait assez de considération pour Maud pour insister auprès d’elle afin qu’elle rejoignît sa mère et Beulah dans la partie de la maison où l’absence des fenêtres extérieures rendait la sécurité complète tant que l’ennemi serait tenu en dehors des palissades. En cela il fut écouté, mais après avoir promis à plusieurs reprises d’être prudent en ne s’exposant à aucune fenêtre, et particulièrement de ne se laisser reconnaître que lorsque cela deviendrait indispensable.

Le major se sentit soulagé quand Maud l’eut quitté ; il ne craignit plus pour elle, et il écouta de toutes ses oreilles pour entendre le bruit de l’assaut qu’il supposait être sur le devant. À sa surprise, cependant, les décharges d’armes à feu ne se succédaient pas ; et même les cris, les ordres et les appels de point en point qui suivent d’ordinaire une alarme dans une garnison irrégulière, avaient entièrement cessé, et il en vint à supposer que la commotion avait été produite par une fausse alarme. Les briseuses en particulier, dont les vociférations s’étaient fort bien fait entendre pendant les premières minutes, étaient muettes maintenant, et les exclamations des femmes et des enfants avaient cessé.

Le major Willoughby était trop bon soldat pour abandonner son poste sans ordres, quoiqu’il regrettât amèrement la facilité avec laquelle il avait accepté un commandements peu important. Cependant, il négligea assez ses instructions pour se placer devant une fenêtre, afin de voir ce qui se passait, car il faisait maintenant grand jour, quoique le soleil n’eût pas encore paru. Cette imprudence ne lui apprit cependant rien, et alors il lui vint à l’esprit qu’en qualité de commandant d’un détachement séparé, il avait parfaitement le droit d’employer quelques-uns de ses subordonnés immédiats pour les envoyer à la découverte. Le choix d’un agent était assez limité, il est vrai, ne reposant qu’entre Mike et les Plines ; après un moment de réflexion, il se décida à choisir le premier.

Mike, relevé de sa faction, fut remplacé par le plus jeune Pline, et il se rendit dans la bibliothèque. Là il reçut les ordres rapides mais clairs du major, et sut ce qu’il avait à faire ; il fut poussé plutôt que conduit hors de la chambre, tant son supérieur était pressé d’apprendre tes nouvelles. Trois ou quatre minutes pouvaient s’être écoulées quand une salve irrégulière de mousqueterie se fit