Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/239

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— Ah ! c’est bien pis, Votre Honneur, lui fut-il répondu. Des dix hommes que Votre Honneur m’avait commandé de mettre dans la garde de nuit, cinq sont absents. Je les ai portés comme déserteurs.

— Déserteurs ! Voilà qui me paraît sérieux ; faites un appel général, ils ne peuvent pas être encore couchés, nous allons bien voir.

Comme Joyce se faisait une sorte de religion d’obéir aux ordres, ce commandement fut immédiatement mis à exécution. En cinq minutes, un messager fut envoyé vers le capitaine pour le prier de se rendre dans la cour où la garnison était sous les armes. Le sergent se tenait devant la petite troupe avec une lanterne, et sa liste à la main. Le premier regard apprit au capitaine que ses forces avaient subi une sérieuse réduction, et il appela le sergent pour entendre son rapport.

— Quel est le résultat de votre enquête, Joyce ? demanda-t-il avec plus d’inquiétude qu’il n’aurait voulu en montrer.

— Nous avons perdu juste la moitié de nos hommes, Monsieur. Le meunier, la plus grande partie des Yankees et deux des Hollandais ne sont pas ici ; et l’on n’en a trouvé aucun dans les environs. Ils ont passé du côté de l’ennemi, capitaine Willoughby, ou bien, mécontents des événements, ils sont allés se mettre en sûreté dans les bois.

— Et ils ont abandonné leurs femmes et leurs enfants, sergent ? Ce n’est pas croyable.

— Leurs femmes et leurs enfants ont déserté aussi, Monsieur. On n’a trouvé personne de leurs familles dans la Hutte.


CHAPITRE XIX


Tous les Gallois sont dispersés, ils ont passé du côté de Bolingbroke.
Richard II


Dans de telles circonstances, il était douloureux d’apprendre cette désertion, juste à l’entrée de la nuit. Quant aux hommes qui restaient, le capitaine Willoughby trouva prudent de s’infor-