l’intention d’utiliser cette connaissance, Dieu aidant. J’entends que le vieux Willoughby soit l’imitateur de Xénophon et de Washington, et laisse voir au monde ce dont un homme est capable quand il a une femme, deux filles et un petit-fils à sauver. Quant à Bob, je ne voudrais pas qu’il fût ici. Le jeune soldat me ravirait la moitié de ma gloire.
Les trois femmes furent enchantées de voir la gaieté du capitaine, et tout le monde se mit à table pour le déjeuner.
CHAPITRE XXII.
Ce que le capitaine avait dit sur un ton de plaisanterie, il le projetait sérieusement. L’idée de passer une autre nuit dans la Hutte, seulement avec six hommes, tandis que les assiégeants étaient dix fois plus nombreux et connaissaient tous les secrets de sa défense, lui était trop pénible. S’il n’y eût eu que sa vie en danger, l’orgueil militaire l’aurait peut-être porté à rester ; mais les autres vies étaient trop précieuses pour les exposer sur des considérations si vaines.
Aussitôt après le déjeuner, le capitaine demanda Joyce pour le consulter. L’entrevue eut lieu dans la bibliothèque.
— Je suppose, sergent, dit le capitaine Willoughby, qu’un soldat de votre expérience n’a pas à apprendre ce qui reste à faire à un commandant, quand il se trouve dans l’impossibilité de tenir bon contre l’ennemi.
— C’est une retraite, Votre Honneur. Le chemin qu’on ne peut suivre, on le tourne.
— Vous avez bien jugé. C’est maintenant mon intention d’évacuer la Hutte, et d’essayer de me retirer par derrière. Une retraite habilement exécutée est une honorable chose, et je crois