Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/281

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— Je vais vous le dire, ce second morceau de bois m’en donne les moyens. Nick et moi nous étions seuls dans la chambre du chapelain, et nous n’avions ni l’un ni l’autre envie de boire, Nick parce qu’il était prisonnier, et moi parce que j’étais en sentinelle. Le sergent Joyce m’a dit assez souvent, Dieu le sait, que si je faisais bien mon devoir, je pourrais devenir caporal, rang qui vient après le sien. Enfin j’étais en sentinelle, et une sentinelle ivre déshonore son âme, son corps et son mousquet.

— Ainsi vous n’avez bu ni l’un ni l’autre, dit le capitaine, comme pour le remettre sur la voie.

— Par les raisons que je vous ai dites et par une meilleure encore, c’est que nous n’avions rien à boire. Mike, me dit Nick, vous aimez le capitaine et la maîtresse, et miss Beuly, et miss Maud, et l’enfant. Le diable me brûle, Nick, lui répondis-je, pourquoi me faites-vous une question si étrange ? Est-ce là ce que vous voulez savoir ? Eh bien ! faites-vous cette question à vous-même, demandez-vous si vous aimez vos propres parents, et vous connaîtrez ma réponse.

— Et que vous proposa Nick ? interrompit le capitaine.

— C’est sur cette baguette que nous trouverons ce que vous demandez. Il me dit : Venez avec Nick, voyons le major et rapportons des nouvelles. Nick est ami du capitaine, mais le capitaine ne le sait pas, il ne le croit pas. Enfin je ne pourrais pas répéter à Votre Honneur tout ce qu’il me dit, et, avec votre permission, je ne dirai que ce dont je me souviens. L’idée de Nick était de partir par la plate-forme, de prendre les couvertures du lit, et de nous laisser glisser jusqu’à terre. Nous l’avons fait, aussi sûr que Votre Honneur et le sergent sont là, nous l’avons fait, et sans nous briser les os. Bien, dis-je à Nick nous voilà ici, mais comment faire pour sortir ? escaladerons-nous les palissades pour que les sentinelles tirent sur nous, ou resterons-nous ici ? Alors vous serez encore fait prisonnier, et vous en vaudrez deux, puisque vous avez déjà été pris. Nick ne parla pas, mais il leva le doigt, et me fit signe de le suivre. Nous nous glissâmes à travers les palissades, et nous fîmes une jolie promenade le long des prairies et à travers les haies.

— Vous avez passé à travers la palissade, Mike ! Mais il n’y a pas d’issue assez grande.

— Le trou est étroit, c’est vrai, mais il existe. Et il est aussi bon