Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/290

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trer comment s’ouvrait la boîte, à laquelle était adapté un ressort secret, et qu’il manifestait toujours de l’embarras quand ses sœurs cherchaient le moyen de vaincre l’obstacle.

Au moment où Maud vit la boîte, son cœur battit vivement. Elle eut un pressentiment que sa destinée allait se décider. Pourtant elle parvint à se contenir assez pour apprendre tout ce que son compagnon avait à lui communiquer.

— Le major Willoughby vous a donné cette boîte, dit-elle d’une voix qui tremblait malgré elle ; n’y a-t-il ajouté aucun message ? Rappelez-vous bien ? les paroles en pourraient être très-importantes.

— Des paroles ! nous n’avons pu en échanger que quelques-unes, bien bas, attendu que les Indiens étaient tout près de nous.

— Ce doit être le message que je demande.

— Vous avez la sagesse du serpent, miss Maud, comme nous le disait tous les dimanches le père O’Lonny. Voici ces mots : Donnez ceci à miss Maud, m’a dit le major, et dites-lui qu’elle est maintenant maîtresse de mon secret.

— C’est bien là ce qu’il a dit, Michel ? Au nom du ciel êtes-vous certain de ce que vous me répétez ?

— Irlandais Mike, le maître avoir besoin de vous, cria le plus jeune des trois noirs en passant son visage luisant à travers la porte. Après avoir annoncé ainsi le sujet de son entrée, il disparut dans le même instant.

— Ne me quittez pas, O’Hearn, dit Maud respirant à peine, ne me quittez pas sans m’assurer que vous ne faites pas de méprise.

— Le diable me brûle, je n’aurais apporté ni boîte, ni message, ni rien de semblable, jolie miss Maud, si j’avais pensé vous tourmenter.

— Michel O’Hearn ! cria de la cour le sergent avec sa voix d’autorité et sur un ton qui n’admettait pas de délais.

Mike sortit aussitôt, et en moins d’une demi-minute Maud se trouva seule au milieu de la bibliothèque, tenant dans sa petite main la tabatière bien connue de Robert Willoughby. Les célèbres écrins de Portia ont à peine excité plus de curiosité dans leur temps que cette petite boîte d’argent n’en avait fait naître dans l’esprit de Maud. Outre les plaisanteries évasives dont le major se servait pour l’empêcher, elle et Beulah, de pénétrer dans ses secrets, il lui avait dit une fois gravement : Quand vous connaî-