Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/301

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serons près d’eux, et alors vous et moi nous reconnaîtrons les hommes et nous prendrons par nous-mêmes connaissance des choses.

— Je me souviens, Monsieur, que lorsque Votre Honneur conduisit deux compagnies des nôtres et une de Royal-Irlandais pour observer l’armée française la veille de l’attaque…

— Votre mémoire vous sert mal, Joyce, interrompit le capitaine en souriant ; nous étions bien loin de les attaquer, puisque nous avions perdu deux mille hommes de plus qu’eux.

— J’ai toujours considéré une attaque militaire comme devant réussir. Nous n’avons jamais eu une meilleure position, et quoique nous ayons été forcés de nous en aller, je maintiens cet assaut aussi bon que s’il avait été fait.

— C’est votre point de vue, Joyce. Je me souviens en effet que la veille de votre assaut je suis sorti avec trois compagnies. Nous craignions une embuscade.

— C’est justement ce que je voulais dire, Votre Honneur. Le général vous envoyait comme vieux capitaine, avec trois compagnies, pour fermer la trappe avant qu’il fût exposé à mettre son pied dedans.

— L’effet désiré a été produit.

— De mieux en mieux, Monsieur ; je me souviens qu’on tirait sur nous, et que nous avions perdu dix ou quinze hommes ; mais je ne pourrais pas dire si nous avons été vainqueurs, car le jour suivant on ne parlait plus de cette affaire.

— Le lendemain, nous avions bien autre chose pour occuper nos esprits. Ce fut une sanglante et triste journée pour l’Angleterre et ses colonies.

— Et pourtant notre sortie, comme vous le dites vous-même, avait été utile.

— C’est vrai, Joyce, mais les calamités du lendemain empêchèrent notre petit succès d’être mentionné dans le rapport du général. Mais à quoi tend tout ceci ? À quoi cela nous conduira-t-il ?

— C’était simplement un respectueux avis, Votre Honneur. Qu’un de nous, selon nos anciennes règles, soit envoyé pour reconnaître la clairière, tandis que le commandant en chef restera avec le gros de la troupe.

— Je vous remercie, sergent, et je ne manquerai pas de vous