Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/333

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au prisonnier qui le prit et commença à couper les bûches de l’autre côté. Il fallait introduire une scie, ce qui nécessitait quelque travail. À force de persévérance et en coupant la bûche en haut et en bas, un espace saffisant fut obtenu en quelques minutes. Nick passa la scie à travers l’ouverture avec son adresse habituelle.

Willoughby éprouvait l’ardeur et le zèle d’un captif qui voit luire l’heure de la liberté. Malgré cela, il agit avec autant d’intelligence que de précaution. La couverture qui lui avait été donnée par ses oppresseurs pour lui servir de lit était accrochée à un clou ; il prit la précaution d’ôter ce clou, de le placer au-dessus de l’ouverture, afin de pouvoir y suspendre la couverture pour cacher le trou en cas de visite. Quand tout fut prêt, et la couverture convenablement placée, il commença à se servir de l’outil de façon à en amortir le son. C’était une opération délicate, mais la couverture rendait le bruit moins fort. À mesure que l’ouvrage avançait, les espérances de Willoughby augmentaient, et il fut bientôt charmé d’entendre Nick dire qu’il était temps de faire jouer la scie à une autre place. Le succès rend quelquefois imprudent, et le bras de Willoughby travaillait avec une plus grande rapidité, lorsqu’un bruit qui se fit à la porte vint lui annoncer qu’on allait le visiter. Il n’eut que le temps de quitter sa besogne et de laisser retomber la couverture devant le trou. La sciure et les copeaux avaient été soigneusement enlevés, et aucun indice ne pouvait trahir le secret.

Il s’écoula à peu près un quart de minute entre le moment où Willoughby s’assit et reprit son livre, et celui où la porte s’ouvrit. Quelque court qu’eût été cet intervalle, il avait suffi à Nick pour enlever la dernière bûche coupée et pour retirer le manche de la scie, afin que la couverture pût couvrir complétement le trou. La sentinelle qui parut était un Indien en apparence, mais en réalité un grossier campagnard blanc.

— J’avais cru entendre le son d’une scie, major, dit-il avec toute la nonchalance villageoise, et pourtant je trouve ici chaque chose à sa place.

— Où me serais-je procuré un tel outil ? répliqua froidement Willoughby et que pourrais-je scier ?

— Le son était pourtant aussi naturel que si le charpentier l’eût fait lui-même.

— Il est possible que le moulin ait été mis en mouvement par