Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/342

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master Bob et de miss Maud leur étaient apparues comme la ruine générale de la famille Willoughby ; mais à cette heure leurs espérances revivaient d’une manière miraculeuse. Au milieu des clameurs, des cris, des larmes, des lamentations et des irrésistibles éclats de joie, Joyce put à peine trouver un moment pour remplir son devoir.

— Je vois ce que c’est, sergent, s’écria Willoughby. L’assaut va avoir lieu, et vous désirez le repousser.

— Il n’y a pas un instant à perdre, major Willoughby, les ennemis sont déjà aux palissades, et nous n’avons que Jamie et le jeune Blodget.

— À vos postes, à vos postes, tout le monde. La maison se confiera dans le hasard. Pour l’amour de Dieu, Joyce, donnez-moi des armes ; il faut que je venge mon père.

— Robert, cher Robert, dit Maud en le serrant dans ses bras, n’ayez pas de tels sentiments en pareil moment. Défendez-nous, mais en chrétien.

Un baiser fut la réponse de Bob, et Maud s’élança dans la maison pour aller retrouver sa mère et Beulah, pensant que la nouvelle du retour de Bob pourrait être un léger adoucissement à leur douleur.

Willoughby n’avait pas le temps de consoler sa mère. Il fallait défendre la Hutte contre une horde d’ennemis, et les coups de carabine qui partaient de la galerie et des champs, annonçaient que le conflit était sérieusement engagé.

Joyce donna une carabine au major, et ils montèrent ensemble rapidement sur les toits. Ils y trouvèrent Jamie Allen et Blodget chargeant et tirant aussi vite qu’ils le pouvaient ; ils furent bientôt rejoints par tous les nègres. Sept hommes étaient maintenant réunis dans la galerie ; trois furent mis devant et deux de chaque côté ; le major allait partout où les circonstances l’appelaient ; et Mike, qui connaissait peu l’usage des armes à feu, resta à la porte pour faire le guet.

C’était pour les sauvages une chose si peu habituelle d’attaquer en plein jour, et sans recourir à la surprise, que les assaillants étaient en confusion. L’idée de donner l’assaut leur fut inspirée par le ressentiment qu’ils éprouvaient de l’évasion du prisonnier ; mais les hommes blancs du parti, quoique se laissant entraîner par les événements, avaient formellement désapprouvé cette mesure.