Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 24, 1846.djvu/355

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— Je suis le colonel Beekman, à la tête d’une force régulière, fut-il répondu et si, comme je le crois, vous êtes le major Willoughby, vous êtes en sûreté. Au nom du congrès, j’ordonne aux bons citoyens de se tenir en paix, sans quoi ils seront punis.

Cette annonce termina la guerre, et l’instant d’après Beekman et Willoughby se serraient amicalement la main.

— Oh ! Beekman, s’écria le dernier, dans quel moment Dieu vous a-t-il envoyé ici ! Le ciel en soit loué ! Malgré tout ce qui est arrivé, vous trouverez votre femme et votre enfant sains et saufs. Placez des sentinelles aux deux portes, car il y a des traîtres ici, et je demande qu’ils soient punis sévèrement.

— Doucement, doucement, mon bon ami, répondit Beekman en lui pressant la main. Votre position est un peu délicate, et nous devons agir avec modération. Ayant appris qu’un parti qui n’avait que de mauvaises intentions marchait vers la Hutte, je m’empressai d’obtenir les pouvoirs nécessaires en une telle occurrence, de requérir une compagnie à la garnison la plus rapprochée, et je suis venu aussi vite que possible. Si nous n’avions pas rencontré M. Woods allant demander du secours aux établissements, nous serions arrivés trop tard ; mais, Dieu soit loué, il n’en a pas été ainsi.

Telle avait été la marche des événements. Les Indiens avaient considéré le zélé chapelain comme un fou, et, dans leur respect pour les malheureux êtres qui sont privés de la raison, ils l’avaient forcé à se diriger vers les établissements. Il rencontra Beekman, l’engagea à hâter sa marche et l’amena avec ses compagnons à la porte de la Hutte ; il était temps, une minute de plus aurait coûté la vie à la garnison tout entière.

Quoiqu’il désirât voir Beulah et son enfant, Beekman avait à remplir ses devoirs de soldat et ne les négligea pas. Les sentinelles furent postées ; on donna l’ordre d’allumer des lanternes et de faire du feu au milieu de la cour, afin de pouvoir s’assurer de l’état actuel du champ de bataille. Un chirurgien avait accompagné la troupe, et était déjà à l’œuvre, autant que pouvait le lui permettre l’obscurité. Plusieurs mains furent employées, des combustibles se trouvèrent aisément, et bientôt le feu éclaira ce terrible spectacle.

Une douzaine de corps étaient étendus dans la cour, trois ou quatre ne devaient plus se relever ; quatre hommes étaient tombés